Dans notre précédente analyse de l'évolution récente du mouvement sportif français, il était rappelé que la contribution des activités physiques et sportives à l'émancipation humaine ne devrait pas être réservée à une minorité d'individus. C'est peut-être sur ce terrain là qu'il conviendrait de poser la question de l'utilité d'une fosse de plongée à Antony plutôt que de disserter sur son financement. Car la majorité municipale avance l'argument que son montant serait comparable à celui d'un gymnase et que ses coûts de fonctionnement seraient inférieurs à ceux d'un bassin de natation. Plaçons nous maintenant du côté des usagers. Avec une entrée annoncée à 15 euros de l'heure (ce qui assurerait, nous dit-on, sa rentabilité), quel public est réellement concerné par un tel loisir ? Une étude de la presse spécialisée datant de 1999 nous apprend que le plongeur moyen serait plutôt cadre, petit patron, ou de profession intermédiaire, et propriétaire d'une maison individuelle. Quant au budget moyen d'un plongeur en scaphandre, le ministère des sports l'estimait en 2005 à entre 350 et 850 euros par an.
Ces tarifs élevés sont-ils vraiment incontournables ou servent-ils à préserver une certaine hiérarchie sociale ? Par comparaison, une association de Saint-Ouen ayant à coeur la promotion de tous les sports pour tous (affiliée à la FSGT) fixe les tarifs de son activité plongée à seulement 170 euros pour la saison 2012-2013, incluant trois entraînements par semaine et une sortie d'1h30 par mois dans la fosse de Villeneuve la Garenne. Le montant de la cotisation, et donc l'accès de ce sport au plus grand nombre, relèverait donc en partie d'un choix politique.
Or la municipalité d'Antony entend financer cette future fosse (prévue pour 2016) grâce aux subventions du Centre National du Développement du Sport (CNDS). Les missions de cet organisme sont pourtant claires : "Le CNDS a pour objectif essentiel de corriger les inégalités d’accès à la pratique sportive pour le plus grand nombre". En l'état, ces conditions ne semblent pas réunies à Antony. Ce projet pourrait donc subir les effets du recentrage des objectifs du CNDS, dont le conseil d'administration a décidé du gel de ses subventions sur le dernier trimestre de 2012.
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