Comme 69 communes en France, Antony a recours aux ordinateurs de vote pour ses élections. De l'extérieur, ces « machines à voter » ressemblent à des boîtes noires opaques. Quant au cœur du système, il est piloté par un logiciel protégé par le secret industriel. Ce rapide constat révèle déjà l'impossibilité d'un véritable contrôle citoyen. Pour l'électeur, deux questions essentielles se posent : l'enregistrement de mon vote est-il fiable ? mon vote demeure-t-il secret ?
A Antony, ces « machines à voter » sont plus exactement des ordinateurs de vote fabriqués par le constructeur néerlandais Nedap, distribués en France par la société France Élection, et agréés par Bureau Véritas. Ce partenariat existe en France depuis mars 2004. Le modèle ESF1 fourni par Nedap n'a presque pas évolué depuis sa création en 1992.
L'un des problèmes de sécurité qui peuvent se poser sur ce type de machines (outre les bogues et les chevaux de Troie) est l'introduction d'un programme malveillant. Pour ce faire, une solution peut consister à remplacer le composant physique contenant le logiciel de vote. Or les serrures des machines Nedap sont toutes identiques et les clés sont aisément reproductibles. De plus, il a été démontré que le composant contenant les instructions de démarrage (EPROM) de ces machines pouvait être échangé sans peine en moins d'une minute (voir cette vidéo).
Sur ces mêmes ordinateurs de vote, il est également possible d'agir sur les résultats du scrutin sans altérer directement le vote de l'électeur. Là encore, il suffit d'introduire un programme malveillant et indétectable fonctionnant en parallèle de l'application de vote. Face à de telles attaques, l'existence de plusieurs sauvegardes, utiles en cas de dysfonctionnements accidentels, est bien sûr sans effet.
Une autre source d'inquiétude concerne le secret du vote. Cette fois, ce sont les signaux électroniques parasites émis par ce type de machines qui peuvent être exploités par des personnes mal intentionnées. Des experts sont ainsi parvenus à identifier à distance (jusqu'à 25 mètres de la machine) le nom du candidat ou du parti sélectionné.
Les deux failles que nous venons d'évoquer, attaque logicielle et écoute des signaux parasites, peuvent d'ailleurs se combiner. Ainsi, un programme malveillant peut être installé sur les machines de façon à amplifier les signaux électroniques.
En conclusion, et au contraire de ce qu'affirme la municipalité d'Antony quand elle écrit que « ce nouveau système est entièrement sécurisé », le vote électronique présente de réels dangers. Tant que les failles connues sur ce type de machines n'auront pas été éliminées, il est impératif d'obtenir leur retrait.
La sécurité des systèmes de vote, thèse de Frédéric Connes soutenue en 2009 à l'université Paris II
Internet, machines à voter et démocratie, sous la direction d'Elsa Forey et Christophe Geslot, éditions L'Harmattan (2011)
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